Batailles n°80

Au sommaire

  • Matériel
    Le Renault Ft au Combat, 1939-1940
  • Opérations
    Stalingrad, l’encerclement
  • Opérations
    Dunkerque, l’armée française sauve le camp retranché
  • Opérations
    Le 16e corps se bat jusqu’au bout pour sauver Dunkerque
  • Portrait
    Le caporal-chef Auguste Bellon (1er BCC)
  • La guerre en photos
    Dieppe inédite
  • Opérations
    La JG2 en Normandie
  • Indochine
    La libération de Hué en février 1947
  • Circuit
    Tourisme de mémoire au Luxembourg

Batailles – n° 80

4,00

Pour faire face au déclin de la presse magazine consacrée à la Seconde Guerre mondiale, qui se conjugue paradoxalement avec une floraison de titres, on constate une spécialisation de plus en plus marquée des revues : une telle est exclusivement consacrée à la Normandie en 1944, telle autre aux chars, ou encore aux avions, ou à la période de mai-juin 1940.
Le marché de niche est recherché : plus personne ne croit à l’universalité du sujet, il n’y a plus de revue généraliste à grand tirage. Il s’agit de s’accrocher à un socle de lecteurs, petit, mais solide, pour survivre. Cela me fait penser à la phrase de Céline, à propos de sa concierge : « Madame Bérenge, elle visait bas, elle visait juste. »
Donc, chacun s’efforce de viser bas. Reste à savoir si c’est viser juste.
Dans ce numéro de Batailles, ou dans notre hors-série n° 5, sur la bataille de Lille, qui est encore en vente, nous avons fait le choix de laisser aux autres l’étude du matériel. Nous avons aussi décidé de laisser tomber les sujets mille fois rebattus : Koursk, la Normandie.
Avant d’être une question de matériel, la guerre est une question d’hommes. Et en ne parlant que de matériel, on rend la guerre propre : pas de morts, que du matériel, détruit ou non. Mais il n’y a pas eu que des batailles de chars pendant la Seconde Guerre mondiale. Et quand il y en a eu, ce n’étaient pas avec des drones, mais avec des engins pilotés par leur équipage.
Parler de mai-juin 1940 en ne parlant que de matériel, c’est exclure la plupart des combats. Dans nos deux gros articles sur la défense de Dunkerque par le 16e corps, il n’est pas beaucoup question de matériel : les soldats français du secteur fortifié des Flandres n’en avaient pour ainsi pas, comme ceux des divisions en retraite remises en première ligne pour défendre les évacuations : la 12e DIM, les débris de la 32e DI, le GRDI de la 2e DINA, etc. Ils se sont quand même battus jusqu’au bout pour arrêter les Panzerdivisionen dans un premier temps, puis pour contenir l’infanterie allemande, aux côtés des soldats un peu mieux dotés de la 68e DI et de l’artillerie de la 1re DIM.
Vous découvrirez donc dans nos pages la véritable histoire de la défense de Dunkerque.
Deux autres sujets sur juin 1940 sont aussi basés sur l’homme : celui sur le caporal-chef Auguste Bellon, du 1er BCC, ou encore notre relation de l’engagement des chars légers Renault FT en 1939-1940. Certes, il y est question de matériel, mais pas du plus glamour qui soit, et une large place est donnée aux témoignages des hommes qui les pilotaient.
Nous entrons dans la période du 75e anniversaire de l’encerclement de Stalingrad, une bataille peu traitée dans la presse spécialisée qui lui préfère Koursk, parce que là, oui, il y a pléthore de matériel. À Stalingrad, il ne reste finalement plus aux Allemands que leurs hommes, lorsque le matériel est arrivé en bout de course, exactement comme, quelques mois auparavant, Tchouikov avait pu sauver la ville grâce au courage de ses hommes.
Quant à l’armée française à Hué, en 1947, chacun sait qu’elle souffrait d’un effarant manque de matériel.
Alors, dans ce numéro 80 de Batailles, oui, nous faisons comme madame Bérenge : « Nous visons bas, nous visons juste. »

Bonne lecture à tous.
Yves Buffetaut, rédacteur en chef