Au sommaire
- Chronique de film : La Grande Évasion, de John Sturges
- Opérations
- Crécy-sur-Serre
- La RAAF pendant la SecondeGuerre mondiale
(partie 1) : organisation et montée en puissance - Le Caire, 1942 : le plan de Rommel
- Tarawa Operation Galvanic, 20-23 novembre 1943
- Printemps-été 1944 : des panzer contre l’invasion
ou une « Angriffs-panzerarmee » face aux Russes ? - L’OKW et la bataille de Normandie
D’étonnantes révélations sur la conduite des opérations - Crailsheim, 1945 : les Waffen SS
repoussent la 10th Armored Division
Batailles – N° 95
8,20€
La fin de la méthode historique
Il existe une méthode historique, comme il existe une méthode scientifique. Certes, l’histoire n’est pas une science exacte (en existe-t-il vraiment une ?), mais longtemps les historiens ont appliqué une méthode basée sur des éléments indiscutables et surtout, sur le croisement des informations, quand c’est possible et l’analyse de plusieurs données équivalentes afin d’en faire une synthèse logique, à défaut d’être certaine.
Pour la Seconde Guerre mondiale, les sources sont immenses et même si elles ne sont pas toutes connues, leur champ ne cesse de s’étendre, surtout depuis que la Russie a rendu publiques les archives de l’URSS. Personne ne dira que les documents d’archives peuvent être acceptés comme étant le reflet de la vérité absolue. Les approximations et les mensonges y sont parfois présents. En effet, chaque division, ou chaque régiment, a tendance à se mettre en avant ou à rejeter sur l’unité voisine les raisons de son échec. Cela dit, il est assez facile de séparer le bon grain de l’ivraie en croisant les informations : ce qui est manifestement exagéré saute aux yeux.
Or, que voit-on aujourd’hui ? Les sites internet, les pages Facebook, les blogs de tout genre, nous assènent des vérités « historiques » avec un aplomb phénoménal. Les contresens historiques font florès, pour ne pas dire les non-sens. Plus personne ne donne ses sources, plus personne ne cite de documents indiscutables : c’est l’avis de chacun qui prime, sans être étayé le moins du monde.
On apprend ainsi que l’arme blindée française était la meilleure du monde en 1940, avec les meilleurs chars (pensez ! avec un tel blindage) et que la misérable Panzerwaffe ne valait pas grand-chose, avec ses Panzer I et Panzer II en pagaille. Certes, cela part d’un fait indiscutable, le B1 bis était mieux blindé que le Panzer IV et le R 35, mieux que le Panzer I. Oui, c’est vrai. Mais un bon blindage ne fait pas un bon char. Tant d’autres données doivent être prises en compte : le canon, la radio, la fiabilité, la consommation en carburant, la vitesse et l’agilité sur le terrain, sans parler de l’organisation des unités au sein desquelles il évolue. Tant pis, c’est trop difficile de tout analyser. Même les faits les plus indiscutables sont occultés : les chars français de 1940 n’ont jamais remporté une seule victoire, ni contre les Panzer, ni contre l’infanterie. On nous parle d’Hannut, en Belgique, mais après une journée de combat, les Français abandonnent le terrain. On nous parle de Stonne, le Verdun de mai 1940, mais la prise et la reprise de ce village, hors de l’axe de l’offensive allemande, n’avait aucun intérêt, tactique ou stratégique.
Tout cela n’aurait guère d’importance si la moindre tentative de rétablir un semblant de vérité historique n’était pas sanctionnée par une bordée d’insultes, de mépris et d’accusations débiles. Replongeons-nous vite dans les publications sérieuses, comme ce n°95 de Batailles qui offre de l’analyse et de vraies découvertes.
Bonne lecture, Yves Buffetaut
Pour voir l’avis d’un lecteur sur ce livre, c’est ici