Éric Leclercq poursuit son chemin : se mettre dans la peau des héros de l’histoire normande ou française, souvent méconnus. C’est-à-dire mal connus. Ainsi avons-nous eu une Emma de Normandie, un Guillaume le Conquérant, une Charlotte Corday, qui s’exprimaient à la première personne du singulier, car l’auteur se veut le personnage qu’il évoque. Cela lui permet d’expliquer la psychologie du héros ou de l’héroïne et de donner un point de vue, bien évidemment subjectif, de l’histoire ou de l’existence de la personne qu’il prétend incarner. Éric Leclerc se documente sérieusement sur l’époque, le contexte et, à ce titre, il fait œuvre de vulgarisateur de l’histoire. On l’a bien vu avec son Emma de Normandie, qui a précédé le W.S. Gondouin. Le mérite de Leclerc est qu’il évoque un personnage sur lequel on sait peu de choses ou que l’on croit connaître, le plus souvent par sa légende noire : les vrais historiens, ensuite, en donnent un portrait plus véridique. Leclecq défriche, Leclecq suscite la curiosité… et ce n’est déjà pas si mal !
Mabille de Bellène, la louve d’Alençon, descendante de la “hyène du Perche”, le sinistre et farouche Guillaume Talvas de Bellême, a une triste réputation. D’une famille de seigneur brigands, tirant leur impunité de la position stratégique de leur domaine, à cheval sur les terres de la Duché et des zones dépendant du royaume de France, pratiquant au gré de leurs intérêts le subtil jeu des renversements d’alliances, Mabille – mariée à un grand seigneur normand, Tosnie – Montgommery, défend avec âpreté son domaine. Âpreté et … cruauté. Elle finira assassiné par les sbires d’une famille qu’elle avait humilié. Éric Leclerc, s’incarnant dans cette charmante personne prononce – on s’en doute – un plaidoyer pro-domo, mais ce n’est guère convaincant. La louve d’Alençon mérite bien son surnom
Évidemment il ne s’agit pas de prendre pour argent comptant ce livre tendancieux, mais il faut remercier l’auteur d’avoir su attirer l’attention sur une des personnalités les plus contestables de l’histoire de la Normandie ducale. Il reste à un véritable historien de produire une vraie biographie de Mabille de Bellême.
Guillaume Lenoir
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