La dernière fois que nous avons eu à présenter un livre signé Donald Nijboer, il s’agissait du remarquable — et remarqué — Cockpits au combat (Fighting cockpits) qui plaçait la barre assez haut. Le livre Les avions de l’ennemi est du même registre, et d’un incontestable niveau d’excellence.
L’ouvrage est présenté comme “une collection de dessins top secret d’avions de la Seconde Guerre mondiale”. Ce sous-titre, traduit de son homologue en anglais, est peut-être un peu abusif, même s’il est vrai que la plupart des illustrations proviennent de services officiels (comme l’Air Ministry britannique). En tout cas, l’iconographie est tout bonnement brillante. En matière d’organisation, les documents de ce Les avions de l’ennemi sont répartis par nations belligérantes : Royaume-Uni, Allemagne, USA et URSS, la part du lion étant attribuée aux Britanniques. Que les images soient nombreuses est une évidence (plus de 250), mais il convient de noter qu’elles sont de nature très variée. Beaucoup de documents techniques, vues en écorché, d’autres en éclaté, plans trois-vues, mais également illustrations de procédures et de recommandations diverses. Il ne s’agit pas d’un amoncellement : il est patent que l’auteur a procédé à un tri pour proposer un ensemble qui ait du sens. Toutes les illustrations sont accompagnées de textes explicatifs et de légendes suffisamment développés et explicites. La diversité est au rendez-vous : schéma de mise en œuvre de barrages de ballons, écorché du Boeing B-17 F, check-list de l’ Iliouchine Il-2, coupe du moteur Junkers Jumo 211, fonctionnement de l’altimètre radio, etc. Tout cela pourrait être rébarbatif : il n’en est rien. L’auteur a su mettre de l’équilibre dans ses explications qui sont à la fois claires, riches et aisément compréhensibles.
On n’aura pas lésiné, chez Ysec : le support est de fort belle qualité, un papier couché satiné (semi-mat) de fort grammage (130g/m2 !), l’impression est exemplaire, avec des rendus de couleurs irréprochables. Si bien qu’outre sa dimension documentaire, le livre ne manque pas d’une certaine élégance.
Certains esprits chagrins pourraient avancer qu’un tel ouvrage eût mérité une couverture en carton rigide et un façonnage plus luxueux. Ils n’auront peut-être pas tort, mais dans ce cas, le prix de vente ne se serait pas limité aux raisonnables 36 €. On appréciera le fait qu’en annexe, outre les remerciements et la bibliographie, on trouve, sur trois pages, un index alphabétique toujours apprécié des curieux, chercheurs et aérobibliophiles.
Philippe Ballarini
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