Les Groupes de Bombardement 1/25 “Tunisie” et 2/23 “Guyenne” furent les deux seuls groupes de bombardement stratégique français durant la Seconde Guerre mondiale. Insérés dans l’organigramme et le fonctionnement du Bomber Command de la Royal Air Force, ils portaient néanmoins une identité bien française. Avec la cocarde tricolore sur les bombardiers Halifax et l’uniforme bleu Louise de l’Armée de l’air sur une base commandée par la France et sous drapeau français, les Groupes “Tunisie” et “Guyenne”, appelés “Groupes Lourds”, sont emblématiques du retour de l’Armée de l’air reconstituée et unifiée dans le combat pour la libération de la France et de l’Europe de l’oppression nazie.
Leurs membres étaient de jeunes hommes issus soit de l’Armée de l’air d’armistice, soit des Forces Aériennes Françaises Libres. La cohabitation ne fut pas toujours évidente mais, au fil des missions et grâce à un sens commun du devoir et de l’amour de la patrie, les sensibilités finirent par s’aplanir pour laisser place à une grande camaraderie de combat et de souffrance.
Robert Saubry-Bobet était l’un d’eux. À l’âge de vingt ans, en septembre 1942, il quitte la France clandestinement pour ne pas aller grossir les rangs du STO (Service du Travail Obligatoire). Après une évasion rocambolesque de France, puis du camp d’internement espagnol, il gagne le Maroc et s’engage dans les Forces Aériennes Françaises Libres pour devenir officier et, à terme, bombardier-navigateur à Elvington, la base des Groupes Lourds. Ce livre est son récit.
Mais son récit ne se borne pas à une collection de souvenirs. L’ouvrage de Robert Saubry-Bobet se distingue des autres récits de guerre par son souci du réalisme. L’auteur nous invite presque à un “cours” de bombardement sur Hanley Page Halifax et ponctue son ouvrage de photographies très intéressantes. Le chapitre de présentation du Halifax est un chapitre passionnant où l’auteur parle de détails apparemment insignifiants mais d’une importance capitale, comme par exemple le dinghy et les procédures de sauvetage en cas de chute en mer. Précis et technique, ce niveau de détail donne au livre de Robert Saubry-Bobet un relief particulier.
Sur une note très personnelle, cet ouvrage me touche particulièrement. L’auteur veut, au travers de son livre, perpétuer la mémoire des Groupes Lourds, chose qui me tient à cœur également. En avril et juillet 2006, j’ai eu l’honneur de commander l’instruction de deux promotions de réservistes sur la Base Aérienne 106 de Bordeaux – Mérignac. J’ai décidé de donner à ces deux promotions les noms Groupe 2/23 Guyenne” et “Groupe 1/25 Tunisie” en hommage à nos glorieux anciens. Je ne saurais donc que recommander fortement la lecture de cet ouvrage très intéressant et très instructif sur l’épopée particulière des “Groupes Lourds”.
Tim Larribau
Pour acheter De Paris à Elvington
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